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[Éthiques & Mythes de la Création] De la lettre à l'effigie, transmettre les valeurs démocratiques du XIXe siècle au regard du monde contemporain

Le séminaire Éthiques & Mythes de la Création explore l'imaginaire qui préside à la création des savoirs. Pour ce faire, il conjugue concrètement des expériences artistiques et de terrain avec des exposés théoriques dans une perspective de compréhension globale des processus créatifs.

le 6 mars 2019

24 rue des écoles, 75006 Paris.
Entrée libre dans la mesure des places disponibles.
[style1;Présentation]

Séminaire interdisciplinaire (sous la direction de Sylvie Dallet) du 6 mars, de 14 à 17 heures.

Lieu : 24 rue des écoles, 75006 Paris. Entrée libre dans la mesure des places disponibles.

Partenariats : CHCSC (UVSQ) /Institut Charles Cros/Harmattan.

Séance du 6 mars 2019 : De la lettre à l’effigie, transmettre les valeurs démocratiques du XIXe siècle  au regard du monde contemporain

Prologue : le XIXè siècle développe au travers des correspondances des élites et de la commande publique un imaginaire de la démocratie qui élabore l’idée nationale. Le XXIè siècle, inaugure au contraire une amnésie particulière qui ramasse sa pensée sur les réseaux sociaux dématérialisés. Comment se fait désormais la transmission des traces du passé ?

Invitées : Hélène Aury, Jacqueline Lalouette et Françoise Mélonio
Introduction : Sylvie Dallet

[style3;Programme]

Hélène AURY : Transmettre l’Histoire par les documents (au travers des expositions du Musée de l’Histoire vivante)

Résumé de l’intervention : Le Musée de l’Histoire vivante est inauguré à Montreuil en 1939 pour les 150 ans de la Révolution française. Constitué  à partir des dons des personnes, il  est, à la fois, un centre d’archives et un lieu d’expositions temporaires. La mise en scène des expositions, dans une maison du XIXè siècle au milieu d’un parc arboré, fait la part belle aux documents (cartes postales, affiches, outils, objets usuels etc). Attentif à la matérialité des documents présentés, le musée diversifie aussi les approches des publics. L’exposition « 1848 et l’espoir d’une république universelle, démocratique et sociale », conçue pour l’anniversaire de mai 1968,  sert de fil conducteur à l’exposé.
 
Hélène Aury est responsable des publics au Musée de l’Histoire vivante à Montreuil (RMN). Son exposé sera complété par Gilbert Schoon, ancien directeur du Musée.

Jacqueline LALOUETTE : L’Histoire nationale enseignée par les statues

Résumé de l’intervention:  Le XIXe siècle naissant entama un processus de glorification des grands hommes par la statuaire publique, qui se poursuivit crescendo au fil des décennies et qui s’explique par les vertus civiques prêtées à leurs effigies. Ainsi, la commission centrale du « monument à élever à Am-broise Paré » (œuvre de David d’Angers érigée à Laval en 1840) l’exprima clairement:
« La France […] a su de bonne heure que les grands souvenirs engendrent les grandes actions; que les ombres des hommes de génie aiment à révéler leurs secrets aux descendants qui les honorent : aussi les images de nos grands hommes se sont dressées au sein de nos palais et sur nos places publiques : le bronze et le marbre ont raconté partout l’héroïsme, le dévouement, le génie et des fils se sont rencontrés qui étaient dignes des pères ! Et ce généreux enseignement des grandes choses et des grandes pensées, qui atteste l’existence d’un grand peuple, signale et garantit un noble avenir ».
Les monuments “aux grands hommes” étaient conçus comme des témoins de la mémoire nationale. Comme les biographies, les statues enseignaient l’histoire; elles étaient, même, de « l’histoire plastique ». Les figures de ceux et celles (si peu pour elles) que les divers régimes jugèrent opportun d’offrir comme modèles, constituent ainsi un excellent témoignage de l’enseignement que chaque régime voulut inculquer aux citoyens.

Jacqueline Lalouette est professeur émérite (Université de Lille 3) et membre senior honoraire honoraire de l’Institut universitaire de France. Ses travaux portent sur l’histoire politico-religieuse française  (Histoire de la Libre Pensée en France, Paris, 1997; La République anticléricale, Paris, 2002; La séparation des Églises et de l’État. Genèse et développement d’une idée, Paris, 2005), sur l’histoire politique (Jean Jaurès.L’assassinat, la gloire et le souvenir, 2014) et l’histoire culturelle (Jours de fête. Jours fériés et fêtes légales dans la France contemporaine, 2010), Un peuple de statues. La célébration sculptée des grands hommes (France. 1801-2017), 2018.

Françoise MÉLONIO, Pourquoi publier des correspondances? La transmission par les lettres.

Résumé de l'intervention : En 1861, Barbey d'Aurevilly se plaignait de la "torture d'eau" que lui infligeait l'inondation de lettres insipides de Tocqueville publiées après sa mort par ses amis. Bien des écrivains du 19ème et du 20ème siècle ont archivé leurs lettres en vue d'une publication posthume par la piété de leurs amis. On se demandera à partir du cas particulier de édition monumentale des Oeuvres de Tocqueville, ce que visent à transmettre les recueils de lettres, aux premiers lecteurs et aux lecteurs d'aujourd'hui: une mémoire familiale, amicale, collective? La trace d'un réseau intellectuel ou politique? Alors que l'échange passe de moins en moins par l'écrit épistolaire, qu'apporte de spécifique la lecture des recueils de correspondance ?

Françoise Mélonio est professeure émérite de littérature française à Sorbonne-université, a publié Naissance et affirmation d’une culture nationale-La France de 1815 à 1880 (Points Seuil 2005) et plusieurs études sur Tocqueville et sa réception. Responsable de l’édition des Oeuvres Complètes de Tocqueville, elle vient de remettre aux Éditions Gallimard les trois derniers volumes de correspondance de cette édition monumentale (30 volumes).
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